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14 May
14May


Par Alain COLLIN, Médiateur

En France, quand un conflit éclate – entre voisins, collègues, membres d’une même famille, ou même entre entreprises – le premier réflexe, c’est souvent de se tourner vers un avocat, voire d’aller directement au tribunal. Pourtant, il existe une autre voie, plus simple, plus rapide, et souvent moins coûteuse : la médiation.

Alors pourquoi si peu de gens y ont recours ? En tant que médiateur, je me pose souvent la question. Voici quelques explications.


1. On ne sait pas trop ce que c’est

Beaucoup de gens ne savent pas vraiment ce qu’est la médiation. Certains pensent que c’est juste une discussion informelle, d’autres la confondent avec un jugement rendu par un tiers. En réalité, la médiation, c’est un espace confidentiel, encadré, où deux personnes (ou plus) en désaccord se retrouvent, accompagnées par un médiateur neutre, pour essayer de trouver leur solution.

Le médiateur n’est ni juge, ni arbitre, ni avocat. Il ne tranche pas, il ne donne pas raison à l’un ou à l’autre. Il aide simplement à renouer le dialogue, à sortir de l’impasse.


2. On a grandi avec l’idée que seul un juge peut “vraiment” résoudre un conflit

En France, la justice est perçue comme la voie “officielle” et “sérieuse” pour régler un litige. On a tendance à croire qu’aller devant le juge est une preuve de force ou de légitimité. Et que chercher un accord serait une forme de faiblesse. C’est faux, bien sûr. Mais c’est une idée qui a la vie dure.


3. Même les professionnels n’y pensent pas toujours

Les avocats, les notaires, les travailleurs sociaux, les juges… Tous ne sont pas encore habitués à proposer la médiation comme première option. Parfois, ils ne connaissent pas bien le processus. Parfois, ils pensent que ça ne marchera pas. Pourtant, dans beaucoup de cas, ça peut vraiment éviter des années de procédures.


4. On a peur d’être “désavantagé”

Certains se disent : “Et si l’autre est plus fort que moi ? Plus sûr de lui ? Plus riche ?”. C’est une inquiétude compréhensible. Mais le rôle du médiateur, c’est justement de veiller à ce que chacun puisse s’exprimer dans un cadre respectueux et équilibré. La médiation n’est pas une confrontation, c’est une conversation guidée.


5. On attend qu’on nous y oblige

Aujourd’hui, sauf cas particuliers, on n’est pas obligé de passer par la médiation avant d’aller en justice. Résultat : tant qu’on n’y est pas incité plus fortement (par exemple par un juge ou par la loi), on ne prend pas forcément cette option en considération. Et c’est dommage.


Alors, pourquoi changer ?

Parce qu’en médiation, on garde le pouvoir de décider. On évite de laisser un tiers trancher à notre place. Parce qu’on peut retrouver du dialogue, parfois même de la compréhension. Et parce qu’au final, les accords trouvés en médiation sont souvent plus durables et mieux respectés que ceux imposés par un jugement.


En résumé

La médiation, ce n’est pas magique. Mais c’est souvent une chance à saisir avant de s’engager dans une procédure longue et coûteuse. Il faut simplement qu’on en parle plus, qu’on l’explique mieux, et qu’on ose l’essayer.


Vous avez un conflit ? Une tension qui s’enlise ? Avant de vous lancer dans une bataille judiciaire, pourquoi ne pas en parler… autour d’une table, avec un médiateur ?


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